mercredi 13 janvier 2016

Drouot et le marché de l ' Art en France


Historique

Les premiers marchands d’art sont les marchands merciers. C’est une corporation qui existe depuis le 12ème siècle en France, mais qui est  peu active jusqu’à la fin du 17ème siècle lorsque Colbert, contrôleur des Finances de Louis XIV, lui-même fils d’un marchand mercier, leur donne le droit d’importer et d’exporter leurs marchandises.
« Ce sont des marchands de tout, faiseurs de rien » a écrit à leur propos Diderot dans l’Encyclopédie. Ils vendaient des tableaux, mais aussi des objets de décoration, des meubles, de l’argenterie, des dessins, des fils, des boutons, des tissus, d’où le nom de mercier, issu de mercerie.
Il y en avait 500 au début du 18ème siècle, d’abord regroupés rue Quincampoix, puis rue St Honoré, quartier à la mode, qui se construit et se développe, avec de prestigieux hôtels particuliers. Logiquement, les marchands merciers suivent leur clientèle dans ce quartier, et c’est la raison pour laquelle aujourd’hui la plupart des antiquaires parisiens sont situés dans ce même arrondissement.
Gersaint était un des plus riches marchands merciers, mécène d’Antoine Watteau qu’il a hébergé dans sa boutique avant que ses tableaux ne deviennent célèbres. Il était situé sur le Pont Notre Dame. « Le peintre dans son atelier » de Rembrandt et « Romulus et Rémus » de Rubens se sont, entre autres toiles, vendus dans sa boutique.
Les ventes aux enchères
Elles existent depuis l’Antiquité, Pline le Jeune les évoque dans ses écrits au 1er siècle après Jésus-Christ.
C’est au 18ème siècle que l’organisation de ces ventes est structurée en France, avec des expositions, des annonces publicitaires, et un catalogue. C’est d’ailleurs Gersaint qui l’a inventé, car il présentait dans sa boutique chaque objet avec un commentaire, une analyse, et une réflexion critique. Le tout était relié comme un livre et faisait plus de 500 pages. Comme aujourd’hui, il faisait payer ces catalogues, sauf pour les bons clients à qui il les offrait.
En 1778 est crée la Corporation des Commissaires Priseurs. Le commissaire priseur était habillé tout en noir, et présentait l’objet comme aujourd’hui.  Le catalogue était déjà un objet essentiel, et les ventes duraient beaucoup plus longtemps qu’aujourd’hui car il passait seulement 6 lots par heure, donc une vente durait en moyenne un mois.
Le premier hôtel des ventes ouvre ses portes en 1778. Paris est en retard sur Amsterdam qui en a un depuis le 17ème et Londres, depuis le début du 18ème siècle. Il était situé près des Halles et il avait 6 salles. L’hôtel est abandonné en 1830 et on construit le premier Drouot, au même endroit qu’aujourd’hui. Il est inauguré en 1852 et en 1976 on décide de le démolir pour en faire un neuf, toujours au même emplacement. Pendant les travaux, les ventes ont lieu à Orsay, qui n’est plus une gare, et pas encore un musée. Le nouveau Drouot ouvre en 1980.
Aujourd’hui, dans le Top 10 des maisons de vente mondiales il y a d’abord Sotheby’s et Christie’s , puis des maisons de ventes chinoises, suivies de Bonham’s à Londres. Artcurial, la première maison française se situe en 18ème position, et Drouot plus loin encore.

Drouot à la fin du XIXème siècle

Antoine Watteau, L'enseigne de Gersaint



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