mercredi 13 janvier 2016

Montparnasse au temps des années folles


Montparnasse au temps des Années Folles

Le nom de ce quartier a été donné par les étudiants qui venaient déclamer des vers sur la butte formée par des remblais au 15ème siècle, en référence au mont Parnasse, résidence des Muses de la mythologie grecque. La colline a été rasée pour tracer le boulevard du Montparnasse au XVIIIème siècle, lieu de promenade de la ville.
Dès la Révolution Française, de nombreuses salles de danse et cabarets s'y installent, dont le célèbre bal Bullier.
L’exposition universelle de 1889 et la vie artistique déjà si riche de Montmartre, attirent de nombreux artistes. Montmartre est alors le cœur de la vie intellectuelle et artistique à Paris, avec ses cafés qui entreront dans l'histoire de l'art. Devenu " tape à l’œil ", il est déserté par les artistes qui lui préfèrent les loyers modérés de Montparnasse et vont choisir ce quartier populaire plus au centre de Paris. Pablo Picasso y aménage parmi les premiers.
Montparnasse va connaître son apogée dans les années 1920, les Années folles. A cette époque, de nombreux artistes de pays très divers sont attirés par le rayonnement intact de Paris. Certains se réfugient dans la “Ruche”, passage Dantzig, qui offre des ateliers aux prix raisonnables. Les artistes du monde entier se croisent dans cette impasse, Chagall, Léger, Zadkine, Soutine. Rue Campagne Première s’installent Man Ray, Rilke, Foujita, Aragon.  
Ces artistes, qu’on appelle Les Montparnos vont rapidement attirer des commanditaires, pas uniquement français, à la recherche de talents nouveaux. Dans cette communauté mondialisée qui formera l'Ecole de Paris, la créativité était accueillie comme la promesse d'un renouvellement artistique. Quand Tsuguharu Foujita débarque du Japon  en 1913, ne connaissant personne, il rencontre Soutine venu de Lituanie, Modigliani et Fernand Léger pratiquement la même nuit, et en quelques semaines devient ami avec Juan Gris, Picasso et Henri Matisse.
Venus rencontrer cette communauté artistique qui mène une existence de saltimbanques et qui a de grosses difficultés à gagner sa vie, des amateurs d'art fortunes, surtout venus des Etats-Unis , comme Gertrude Stein, Peggy Guggenheim, Edith Wharton deviennent leurs mécènes.
Les cafés, bars et bistrots, notamment ceux du carrefour Vavin,  sont des lieux de rencontre où les artistes viennent à la fois échanger avec d’autres artistes et négocier. Les cafés comme le Dôme, la Closerie des Lilas, la Rotonde, le Select et la Coupole , ainsi que le Boeuf sur le toit  (toujours ouverts) acceptent que des artistes affamés occupent une table pour toute la soirée pour un prix dérisoire. S'ils s'endorment, les serveurs ont pour instruction de ne pas les déranger. Les disputes sont courantes, certaines nées de polémiques, d'autres de l'alcool, et la coutume veut que même lorsque l'affrontement tourne aux coups, la police n'est pas appelée. Si les artistes ne pouvent payer leur facture, le propriétaire de La Rotonde, Victor Libion , accepte souvent un croquis. Aussi les murs des cafés sont couverts d'une collection d'œuvres d'art.
La vie nocturne est également passée dans la légende, comme les nuits chaudes du Bar Dingo au 10 rue Delambre. Parmi ceux qui faisaient Montparnasse by night, on peut aussi signaler les écrivains Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald. 



L’Académie de la Grande Chaumière

À ses tous débuts, lorsque l'Académie avait ses locaux Quai des Orfèvres, Delacroix, Manet, Picasso et Cézanne ont participé à sa création.  Reste aussi le souvenir d’autres peintres qui ont marqué l’histoire de la peinture : Gauguin, Modigliani, André Lhote séjournent dans la maison mitoyenne de l’atelier où ils pratiquent leur art : modèle vivant, nu, croquis, fusain, dessin, peinture à l'huile…                                                                
L'Académie de la Grande Chaumière est la seule institution qui, au début
 du siècle, a ouvert la voie à l'Art Indépendant, laissant s'exprimer toutes les formes ou techniques.

Kiki de Montparnasse

Née Alice Ernestine Prin en 1901 elle était surnommée « la Reine de Montparnasse ».
Elle est devenue le modèle, la muse et parfois l’amante d’artistes célèbres.
En 1917,  elle est bonne à tout faire chez une boulangère. Pour gagner de quoi vivre, elle pose nue pour un sculpteur. Elle fréquente la brasseri La Rotonde, mais au bar seulement. Pour avoir le droit de s’asseoir dans la salle, une femme doit porter un chapeau.
Elle pose bientôt pour Modigliani et Foujita, adopte la coiffure à la garçonne et le pseudonyme de Kiki.
En 1929, elle publie un livre de souvenirs, préfacé par Hemingway, interdit aux Etats-Unis pour cause de propos jugés “scabreux”. Elle tombe dans la drogue et l’alcool, ouvre un cabaret à St Tropez, et meurt prématurément à 52 ans en 1953.



Kiki


Kiki photographiée par Man Ray




Modigliani, Picasso et le critique d'art André Salomon



Films évoqués durant notre conversation à la Closerie des Lilas :

Les Amants de Montparnasse de Jacques Becker avec Gérard Philipe et Anouk Aimée
A bout de souffle de Jean-Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg
Un Homme et une Femme de Claude Lelouch avec Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant

Livres
Souvenirs retrouvés de Kiki de Montparnasse
Le temps d'un soupir d'Anne Philipe

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