La Bièvre, une rivière souterraine
La Bièvre prend sa source à Guyancourt, dans les Yvelines, passe par l’Hay
les Roses, Cachan, Arcueil et Gentilly, et se jette dans la Seine, au
niveau de la gare d'Austerlitz, exactement sous le pont du métro reliant la
Gare d'Austerlitz à la Gare de Lyon. Considérée comme un égout de la capitale,
elle est enterrée sous le sol parisien, mais elle est pourtant une rivière bien
vivante, qui parcourt un peu moins de quarante kilomètres. Aujourd'hui, son lit
urbain est entièrement recouvert par un important remblai, mais des plaques
indiquent son passage, et certains noms de rues ou de lieux rappellent son
souvenir.
Les traces dans le paysage parisien
La rue de Bièvre, dans le 5e
arrondissement, est la trace la plus évidente laissée par la rivière à Paris.
Elle se
sépare en deux bras qui se rejoignent à l'angle de la rue Mouffetard et de la
rue Monge, toujours dans le 5e arrondissement. Ensuite, la Bièvre rejoint la
Seine, en ligne droite, en longeant le Jardin des Plantes.
L’ histoire de la Bièvre
De racine latine, la Bièvre signifierait « biber »,
ancien nom donné au castor. Aucun castor n’ayant été observé aux alentours, une
autre étymologie latine y a été associée : « beber », désignant
un élément de couleur brune. Les eaux de la Bièvre étaient en effet de cette
couleur… De même, la racine Gallo-Romaine « bibere » signifie
« boire ».
Une étymologie encore incertain, cependant, vers la fin du XVIII° siècle, les armoiries du 13° arrondissement sont figurativement portées par… deux castors.
Une étymologie encore incertain, cependant, vers la fin du XVIII° siècle, les armoiries du 13° arrondissement sont figurativement portées par… deux castors.
Jusqu'en 1860, date à laquelle le faubourg Saint-Marcel, entre la
Place d’Italie et le quartier des Gobelins, est rattaché à la capitale, le
cours de la Bièvre circule dans Paris sur une assez courte distance. La rivière
sillonne surtout à travers ce faubourg industriel du sud parisien et alimente
en eau les ateliers des teinturiers, tanneurs, tisserands, installés dans les
moulins qui la bordent.
Utilisées pour l’exercice de nombreuses activités artisanales et
médicales, les eaux de la Bièvre sont rapidement réputées pour dégager une
odeur pestilentielle : abattoirs et hôpitaux y rejettent des déchets organiques
pourrissants, les eaux d’égouts s’y mélangent, tanneurs et teinturiers y
plongent divers matériaux d’origine animale : autant d’activités source
d’insalubrité, associées à la présence de moulins provoquant des interruptions
du flux du cours d’eau, le tout à l’origine d’eaux stagnantes…
Au XVIIIe siècle, la Bièvre
est devenue insalubre. Des déchets arrivent même de la Montagne Sainte-Geneviève,
via le canal Victorin, déjà considéré comme un égout.
Dès le début du XIXe siècle,
des projets voient le jour pour résoudre ce grave problème de santé publique.
En 1822, la canalisation de la
Bièvre est proposée. Les travaux débutent en 1828 et s'achèvent en 1840, la
première étape étant la destruction des moulins. Malgré cela, la Bièvre reste
insalubre car elle continue toujours à recevoir les déchets des industries qui
la bordent.
Une solution radicale est alors envisagée, en 1868 : sa couverture. Le remblai nécessite un travail colossal et l'expropriation des riverains coûte une fortune.
En 1902, la majorité du cours
parisien de la Bièvre est ensevelie. Il reste seulement 540 mètres découverts,
de la rue Croulebarbe au boulevard Arago, c'est-à-dire le long de la
manufacture des Gobelins. Ce "bief des Gobelins" subsiste encore
pendant dix ans et, en 1912, il ne reste plus de trace de la Bièvre à Paris, si
ce n'est la toponymie et le tracé des rues.
Pourtant, elle n'a pas quitté
les mémoires et aujourd'hui des initiatives diverses tentent de la ressusciter.
Cette volonté se
heurte au coût d’une telle opération, et pour l’instant la Bièvre n’est
représentée que par des dalles indiquant aux promeneurs l’existence de la
rivière sur le chemin de son ancien parcours.
Notre Promenade
Nous nous sommes retrouvés au
café de la Grande Mosquée. Il s'agit de la plus grande mosquée de Paris, et
c'est également la première construite en France, inaugurée en 1926. Dans le
quartier, de nombreuses plaques soulignent le passage de la rivière.
Le Quartier des Gobelins
La prestigieuse Manufacture des Gobelins a été
construite dans ce quartier car historiquement, c’est celui des teinturiers,
des tanneurs et autres métiers qui nécessitaient d’abondants volumes d’eau.
La tapisserie des Gobelins,
fondée en 1667 par Colbert, doit son nom au teinturier champenois Jehan
Gobelin, installé sur les rives de la Bièvre en 1447, et patriarche d’une
longue lignée de teinturiers. Il a donné son nom au quartier, puis à la Manufacture royale.
La manufacture est aujourd’hui
encore en activité. Le Mobilier National,
qui fait partie de la Manufacture des
Gobelins, a pour mission de meubler et restaurer les objets de décoration
des bâtiments officiels de la République.
La rue Croulebarbe s’appelle à
partir d’ici rue Berbier du Mets. C’est elle qui suit assez exactement le cours
de la Bièvre, comme on peut le voir en regardant la courbe sinueuse que dessine
cette rue sur un plan de Paris.
Nous avons fait un petit
détour par la rue Gustave Geoffroy
et l’îlot de la Reine Blanche. Il
y a là un ensemble d’habitations parmi les plus anciennes de Paris. L’îlot
était la propriété de la Manufacture des
Gobelins. La légende veut qu’à cet emplacement la fille de Saint Louis,
Blanche, y construisit un hôtel dans lequel elle a habité.
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